Non pas que j'aie réussi à courir le 5 km de ce matin sous les 20 minutes, objectif que j'avais déclaré inatteignable. Mais je n'aurais jamais pensé passer aussi près...
Comme le matin du Demi-marathon hypothermique le mois dernier, je me suis levé très tôt, question d'enfourner un bon déjeuner plus de 3 heures avant la course. (Et puisque que tout le monde meurt sans doute d'envie de savoir: oui, j'ai mangé des toasts au beurre de pinottes.) Je suis toutefois arrivé au centre Pearson de LaSalle, quartier général de la course, une quinzaine de minutes seulement avant le départ. Fort heureusement, j'avais récupéré mon enveloppe de coureur vendredi et installé ma puce électronique sur ma chaussure et mon dossard sur mon t-shirt la veille de la course. Mon intestin a toutefois décidé de faire des siennes ce matin, si bien que j'ai dû faire la file pour aller aux toilettes, dont je suis ressorti un gros 5 minutes avant le début de la course. Le trottinage jusqu'au centre Pearson, puis jusqu'au peloton de départ, ont donc constitué mon échauffement...
Comme il n'y avait pas de tapis à la ligne de départ, je me suis placé tout près de l'avant du peloton, plus près des élites que ce que justifient mes aptitudes en tant que coureur. En entendant une femme qui se tenait près de moi expliquer la différence entre le gun time et le chip time à un coureur d'une cinquantaine d'années, je me suis toutefois senti un peu moins touriste.
Le temps que le contact se fasse entre les satellites GPS et ma montre, la course était lancée. En me reportant à mes séances d'intervalles des derniers mois, j'ai essayé de courir à l'effort et de ne pas me laisser influencer par le rythme adopté par les coureurs autour de moi. À certains moments, j'étais sous les 3:40/km, mais je n'ai pas paniqué, puisque je savais que cette partie du parcours était rapide (faux plat descendant?) grâce à ma course de l'an dernier. J'ai essayé de me détendre et de maintenir un niveau d'effort que j'ai appris à bien connaître grâce à de nombreuses séances d'intervalles spécifiques.
J'ai croisé le panneau indiquant la fin du premier km en 3:54. Un de fait. Tout allait bien, mais je m'apprêtais à entrer dans une zone inconnue: un intervalle à mon rythme visé au 5 km qui se prolonge sur plus de 1,104 km (6 tours de la piste de 184 m du CEPSUM). Je ne me sentais pas trop mal au 2e km, mais je n'ai pas été surpris de constater que je l'avais fait en plus de 4 minutes. Avec un temps de 4:08 au 2e partiel, j'étais encore très près du 4:00/km après 2 km, ce qui était positif. De plus, même si c'était très difficile, je ne me sentais pas sur le point de casser. Les conditions météo quasi idéales pour la course (3˚C, nuageux, pratiquement pas de vent) m'aidaient à maintenir le rythme, tout comme la présence d'autres coureurs qui souffraient eux aussi en silence autour de moi. Ça faisait un heureux changement par rapport à mes entraînements du CEPSUM: pas besoin de penser à la place de gens inattentifs qui se seraient tenus tout juste à côté du parcours, pas besoin non plus de freiner brusquement parce qu'un marcheur bifurque soudainement dans mon couloir sans regarder à 1 ou 2 m devant moi, pas besoin de contourner des gens qui marchent à 2 ou 3 de large, etc.
J'ai été surpris du temps affiché à ma montre quand j'ai croisé le panneau du 3 km: 11:56. Ben coudonc, j'étais toujours dans les temps après 3 km. Est-ce que j'avais des chances de faire sous les 20 minutes? En regardant les statistiques de mes partiels (voir tableau plus bas), j'en viens toutefois à conclusion que le panneau du 3 km était mal placé. Je n'ai pas été 26 secondes plus lent au 4e km qu'au 3e, mais quelques secondes tout au plus, ce que reflète mon allure moyenne affichée pour ces partiels.
J'ai été bien content de monter puis de descendre une petite côte pour retraverser le canal de l'aqueduc municipal. Les variations d'inclinaison changeaient le mal de place. C'est avec bonheur que j'ai constaté ensuite qu'il n'y avait pas de vent de face pour le chemin du retour le long du canal. Plus loin, je n'ai pas été déçu en voyant le 4:19 affiché à ma montre pour le 4e partiel: je faisais simplement du mieux que je pouvais. Et je sentais que j'en avais peut-être assez dans les jambes pour une petite accélération en fin de course...
Le parcours. Image via mon compte Garmin Connect.
Avec moins d'un kilomètre à faire, je me sens en terrain connu, celui de mes intervalles sur piste. Sept cent mètres, 600, 500, 400, puis la ligne d'arrivée qui apparaît après deux virages à gauche, ainsi qu'un espèce de Coach Universel qui se tient sur le parcours et encourage les coureurs qui passent près de lui, à une vingtaine de mètres devant moi: «Allez-y, ça va être serré pour le 20 minutes!» Il donne l'impression de parler en connaissance de cause.
Je me fais alors la réflexion que j'aimerais ça me faire dire ça moi aussi. Ça signifierait que j'ai des chances de faire sous les 20 minutes. Comme de raison, le gars nous dit la même chose quand moi et deux autres coureurs arrivons à sa hauteur. En tâtonnant avec mon levier de vitesses mental, je trouve une vitesse plus élevée, ce qui me permet de dépasser les deux autre gars. «C'est ça», lance Coach Universel. Bizarre, comme les encouragements de purs inconnus peuvent avoir un effet. Si ce n'avait été de ça, je ne serais pas passé si près de réussir mon objectif de fou...
Les autres coureurs sont loin devant, et j'essaie de maintenir la même vitesse, ou même d'accélérer. Je donne tout ce que j'ai. À l'approche de la ligne d'arrivée, je jette un oeil au cadran officiel de la course: 19:56, 19:57,... Je comprends que je vais manquer de temps. J'arrête le chrono de ma montre en passant le fil d'arrivée. Il indique 20:02. Aussitôt après je m'arrête et mets les mains sur mes genoux, comme un autre coureur que je vois en périphérie de mon champ de vision. Pendant un instant, je crains de faire une crêpe sur l'asphalte de l'aire d'arrivée, mais la nausée passe.
Mes partiels. Image via mon compte Garmin Connect.
Au bout d'une minute, la déception d'avoir raté mon objectif de si peu passe elle aussi. Après avoir beaucoup souffert à l'entraînement et avoir souvent senti que je courais «au-dessus de ma tête» en essayant d'adopter un rythme de 4:00/km, voilà que je passe à 3 secondes d'atteindre mon objectif! Je n'ai pas cassé. Je ne suis pas «indigne» de ce temps, il est tout à fait à ma portée. Encore une fois: ben coudonc!
Si la météo collabore le 22 avril prochain à Saint-Laurent comme elle l'a fait ce matin, et si je reste en santé d'ici là, je vais passer sous les 20 minutes. Même si je dois ajouter un 6e intervalle spécifique à mes séances sur piste pour m'assurer d'avoir assez d'endurance...