dimanche 23 octobre 2011

Compte rendu: le «15 km» du T3SB

C'est donc aujourd'hui qu'avait lieu l'édition automnale du Tour des 3 sommets Brébeuf. Levé à 7h après une nuit d'un peu plus de 4h de sommeil, j'ai tout de même eu l'heureuse surprise de constater que mes mollets se portaient bien ce matin, contrairement à hier soir. J'ai donc arrêté mon choix sur les Minimus Trail pour la course.

Un peu plus de deux heures et un bon déjeuner plus tard, j'étais dans le grand gymnase du Collège Jean-de-Brébeuf en train de regarder la carte du parcours du 15 km. C'est à ce moment que j'ai eu ma deuxième surprise de la journée, moins bonne celle-là: au lieu de passer par la colline Westmount tel que prévu à l'origine, nous allions plutôt nous rendre 2 fois sur la colline d'Outremont (en plus de passer par le sommet principal, bien entendu).

Dans un courriel envoyé aux participants il y a quelques jours, la direction de la course nous avait prévenus que le parcours avait dû être modifié à la dernière minute «pour assurer la sécurité des coureurs». On nous mentionnait également que la longueur et le dénivelé demeureraient les mêmes. Croyant que les changements seraient somme toute assez mineurs et que nous visiterions les 3 sommets, j'ai donc été un peu déçu. Mais bon, nous allions tout de même avoir l'occasion de courir dans de beaux sentiers recouverts de feuilles, par une température qui se prêtait bien à la course qui plus est: temps sec, 7-8˚C.

Pour conclure au sujet de la modification aux parcours du 15 km et du 25 km, je mentionne que j'ai entendu 2 explications. La première, c'est que les policiers ne pouvaient pas fermer de rues à Westmount. La deuxième voulait que la direction de course n'ait pas obtenu l'autorisation de faire fermer le chemin de la Côte-des-Neiges, qui serait une artère trop importante. Dans mon billet d'hier, je parlais de patentes à gosses. Hé bien, les deux versions que j'ai entendues ce matin illustrent bien le fait que l'organigramme de Montréal aussi est une patente à gosses, avec une inertie qui tend vers l'infini.

Mais bon, retour à ma course de ce matin. Le départ a été donné à 10h05. Je trouve toujours difficile d'évaluer la taille d'une foule, mais je dirais que nous étions probablement entre 200 et 300 à prendre part aux différentes épreuves de course (le départ a été donné en même temps pour toutes les distances - 5 km, 10 km, 15 km et 25 km).

Comme il fallait s'y attendre, le peloton était très dense peu après le départ, sur Decelles et dans la montée du chemin de Polytechnique. Heureusement, le peloton était beaucoup plus étendu quand nous avons atteint les premiers sentiers, en route vers le sommet de la colline d'Outremont. Le parcours est tracé dans l'image plus bas. Les intéressés peuvent faire afficher la vue satellite ou zoomer.



Cette première montée ne fut pas facile, mais le sommet est arrivé vite, et ensuite c'était la descente par le bois St-Jean-Baptiste. C'est lors de cette descente que je me suis dit pour la première fois que j'avais fait le bon choix avec les Minimus. Ça descendait bien, même si les cailloux pointus faisaient mal, et j'ai dépassé plus souvent que je me suis fait dépasser. Rendus au bas de la colline, nous avons suivi le boulevard du Mont-Royal vers l'est jusqu'au sentier qui monte le long du cimetière Mont-Royal. Nous avons suivi ce sentier sur environ 200 m avant de bifurquer à gauche pour courir parallèlement au boulevard, toujours en direction est.

De jeunes bénévoles avec de petites pancartes sur lesquelles il y avait des flèches se tenaient à chaque embranchement pour nous dire dans quelle direction aller. De plus, on voyait que les gens de la course avaient beaucoup travaillé: une multitude de petits drapeaux avaient été plantés sur la majeure partie du parcours, question d'aider les coureurs à s'orienter. Je ne peux que lever mon chapeau (même si je n'en porte presque jamais...) à tout ce beau monde.

Dans le sentier qui longe le boulevard Mont-Royal, je me suis retrouvé un peu tout seul dans mon monde, loin derrière ceux qui me précédaient et loin devant ceux qui me suivaient. Dans cette partie descendante, j'allais tout de même à une bonne vitesse grâce à mes Minimus, ce qui m'a aidé à me rapprocher des coureurs devant moi. Je me ménageais tout de même un peu, car je savais que la montée du sommet principal allait frapper fort.

Ensuite, retour sur le boulevard, où j'ai dépassé un jeune coureur, traversée de Camilien-Houde pour aller rejoindre le chemin Olmsted, et ascension du chemin Olmsted jusqu'aux sentiers qui montent vers le belvédère Camilien-Houde. J'avais emprunté ces sentiers une seule fois auparavant, et selon mon souvenir ça montait à pic en titi. Malheureusement, l'exactitude de mon souvenir s'est confirmée...

Pendant cette montée qui nous a fait atteindre le sommet via le belvédère, les escaliers et les sentiers, mon moral a suivi une trajectoire inverse. Je marchais beaucoup et souvent, plus que les autres devant moi, il me semblait. J'ai aussi été rattrapé par 3 ou 4 coureurs. Moi qui croyais que j'étais devenu un bon grimpeur... Mais bon, nous étions à peine à la mi-course, et la possibilité que l'énergie sauvegardée à ce stade-ci soit payante en fin de parcours était toujours là.

C'est un peu avant de croiser la boucle du sommet, dans une partie de pente moins à pic, que le titre du livre de Bryon Powell, d'iRunFar, m'est venu en tête pour la première fois: Relentless Forward Progress. J'en arrachais énormément et je n'avais pas le goût de me remettre à courir, mais ces 3 mots m'ont aidé à trouver la volonté de recommencer à courir, même si ça devait être à un rythme de merde. Finalement, mon rythme n'a pas été aussi lent que j'aurais cru. Le même scénario s'est reproduit à quelques reprises plus tard pendant la course.

Après avoir atteint le sommet principal, nous avons emprunté une partie du chemin Olmsted et avons passé beaucoup de temps dans de petits sentiers, où nous avons rencontré beaucoup de dénivelé. Encore là, je marchais un peu plus que les autres dans les montées, et je rattrapais les gens dans les descentes et de plus en plus, à mesure que les kilomètres passaient, sur le plat aussi.

Après un passage près du lac des Castors, nous avons descendu la côte Remembrance, qui n'était pas le terrain idéal pour moi avec mes Minimus. En descendant cette côte, une coureuse portant des bas de compression pour les mollets m'a dépassé comme une fusée. J'ai été surpris par la force et l'assurance qu'elle dégageait. Rendu au bas de la côte, elle avait environ une dizaine de secondes d'avance sur moi. Outre le fait que mon orgueil de mâle avait été piqué, je me suis dit que si je réussissais à m'accrocher à quelqu'un qui dégageait autant de vitalité à ce stade de la course, j'allais avoir de bonnes chances de terminer en force.

Rendu sur le sentier recouvert de petites roches qui longe le chemin Côte-des-Neiges, j'ai accéléré le pas. Ça n'allait pas super bien, mais j'ai réussi à grignoter petit à petit l'avance que Bas-de-compression avait sur moi. À l'approche du chemin de Polytechnique, je l'avais rejoint. Bas-de-compression et moi sommes ensuite demeurés assez près l'un de l'autre, nous dépassant à quelques reprises mais, surtout, avançant un peu dans le peloton pendant l'ascension de la côte de Polytechnique (bien que j'aie marché un peu pendant cette 2e montée, contrairement à la 1ère en début de course).

Même si dans la plupart des cas aucun mot n'est échangé, je finis toujours par ressentir un petit sentiment de fraternité quand je fais un bout de course avec un ou une inconnu(e), et que le défi silencieux posé par cette personne inconnue me pousse à me dépasser. C'est donc avec une petite pointe de regret que j'ai vu Bas-de-compression bifurquer soudainement vers les sous-bois à l'approche de la montée finale vers le sommet pour, j'imagine, aller se délester d'un fluide corporel quelconque, quel que soit ce fluide...

Mais bon, il ne me restait plus qu'un petit bout à monter avant la descente finale, j'étais parti pour la gloire. Une fois arrivé en haut, j'ai eu droit à ma troisième surprise de la journée. En consultant la carte du parcours avant la course, j'avais cru voir que nous allions faire une petite boucle au sommet, avant de revenir sur nos pas. Mais non, nous devions descendre encore une fois par le bois St-Jean-Baptiste. J'ai cru que le parcours avait de nouveau été changé. «Pas très grave», me suis-je dit, «on en a fini avec les montées». Pauvre naïf!

Quand nous avons été rendus environ aux deux tiers de la descente, des bénévoles nous ont indiqué qu'il fallait maintenant bifurquer hors du sentier principal, vers la droite et... vers le haut de la colline. Quand j'ai vu ce qui nous attendait, j'ai lâché un «ah ciboire» qui a fait rire deux jeunes adeptes de vélo de montagne qui étaient tout près du sentier. Selon ma Garmin, cette montée qui ne semblait pas vouloir finir nous a fait gagner 50 m d'altitude sur environ 340 m, pour une inclinaison moyenne de près de 15%...

Pendant cette cruelle ascension que tout le monde a fait en marchant, le gars qui me suivait m'a presque dépassé, avant de décrocher mystérieusement. J'ai ensuite rattrapé un petit peloton de 4 coureurs peu avant la fin de la montée. Les occasions de dépasser étant à peu près inexistantes sur un sentier aussi étroit et accidenté, nous nous sommes suivis à la file indienne pendant quelques minutes. À ce stade de la course, mon GPS indiquait que nous avions dépassé les 15 km, j'en avais plein mon casque et j'avais très hâte de terminer. Encore une fois, aucun mot n'a été échangé, mais j'avais l'impression d'avoir 4 compagnons dans ma souffrance. Ce fut l'un des moments forts de ma course.

Et mon énergie est revenue peu à peu. Je serais bien allé plus vite, mais c'était presque impossible de dépasser sans risquer une collision ou de se fouler une cheville. J'ai tout de même réussi à doubler un des gars à la fin d'une petite montée. Le sentier a finalement débouché sur le haut de la colline, près du sentier par lequel nous étions arrivés au sommet un peu plus tôt. Cette fois c'était vrai: la descente finale était enfin arrivée!

Quand nous avons atteint une route de terre plus large, nous avons pu nous lâcher lousse, chacun avec l'énergie qui lui restait. J'ai suivi le plus rapide des gars du mieux que j'ai pu, y allant à fond sur l'asphalte pendant la descente de la côte de Polytechnique. Mes jambes n'ont pas trop protesté...

Vers la fin de la descente, les pas derrière moi ont commencé à se rapprocher. C'est l'orgueil qui m'a fait continuer à pousser à fond jusqu'à la fin, devant les HEC. J'ai réussi à conserver ma position, et ce sans même me blesser. Qui aurait cru?

Temps final sur ma montre: 1:29:27.
FCmoy=155 bpm, FCmax=168 bpm.
Distance indiquée par ma montre: 16,67 km.

J'ai comparé la distance avec deux autres coureurs. L'un avait exactement la même valeur que moi, l'autre 16,59 km. D'où les guillemets dans le titre de ce billet.

Dans l'ensemble, la course a été très bien organisée, et tout s'est déroulé rondement. Dommage que le parcours ait été changé à la dernière minute, mais bon, ce sont des choses qui arrivent (surtout à Montréal), et le parcours était tout de même très beau. Les indications (drapeaux, pancartes et être humains) pour orienter les coureurs sur le parcours étaient claires, ce qui aide énormément quand on sent qu'on est sur le point de cracher ses poumons.

Avec ça, on pardonne même certaines erreurs de jeunesse à l'organisation, comme celle qui a consisté à donner la mauvaise enveloppe avec le mauvais dossard à au moins un coureur, ce qui a fait en sorte que le temps dudit coureur a été «perdu» quelque part dans le système. Une telle erreur ne se serait pas produite si les noms avaient été inscrits sur les enveloppes qu'on remet aux coureurs, comme c'est le cas normalement pour les autres courses. On m'a dit qu'on ferait le nécessaire pour «retrouver» mon temps d'ici à ce que les résultats sortent.

J'ai assez apprécié l'expérience pour vouloir récidiver l'automne prochain. Quant à l'édition du printemps, elle est un peu trop proche du Demi-marathon de Montréal, que j'espère bien finir par courir un jour.

Et mon projet d'atteindre les 3 sommets du mont Royal au cours d'une même sortie de course, lui, demeure inachevé. Il va falloir que je remédie à ça avant l'hiver!

2 commentaires:

  1. Tu t'es bien battu dans ces montées de 15%. Félicitation pour ta performance. Je remarque que dans les courses de trail, il arrive souvent que les mesures de parcours soient inexactes. Je ne sais pas pourquoi. Il ne te reste plus qu'à te reprendre pour les 3 sommets. Et avant l'hiver.

    RépondreEffacer
  2. Merci. Comme j'ignore de quelle façon les organisateurs de courses s'y prennent pour mesurer leur parcours, je ne saurais dire pourquoi c'est plus difficile de le faire sur sentier. Dans le cas du T3SB, ils ont dû modifier le parcours à la dernière minute, ce qui a rendu le mesurage encore plus difficile.

    RépondreEffacer