Mon objectif de faire sous les 44 minutes, en fait n'importe quel objectif de temps, paraissait donc ridicule. D'autant plus que sur le plan personnel, mon niveau d'énergie était couci-couça depuis quelques jours, mes ischios me faisaient parfois mal, et mes quadriceps avaient déjà été en meilleur état.
Puis, entre 7h et 8h, le bruit a cessé à mes fenêtres. Je suis presque devenu optimiste, d'autant plus que mes jambes avaient l'air bien ce matin. Et après quelques essais, j'ai finalement jeté mon dévolu sur ma plus vieille paire de Kinvara, la valeureuse qui a presque 900 km au compteur, celle avec les semelles bleu fif. Même si elle est de même pointure que la paire qui m'a blessé lundi dernier, elle m'a toujours paru un peu plus grande. Et ce matin, avec une paire de bas (blancs) plus épais que ceux que je portais lundi, l'inconfort se limitait à mon petit orteil gauche. Rien de bien grave, si le passé était garant de l'avenir...
J'allais donc avoir l'air fou, mais au moins j'aurais la possibilité d'être rapide (à mon échelle toute relative, bien entendu). Pour compléter ce superbe tableau, je suis sorti de la station de métro Sherbrooke vêtu d'un sac de poubelle, question de me protéger d'une possible pluie mais, surtout, du vent, qui n'était pas froid, mais frette, pour ne pas dire frette en 'stie. Dessous, j'avais seulement des shorts et un t-shirt. À 10-12˚C, j'aurais eu chaud en courant si j'avais mis un haut à manches longues. Bref, côté apparence, j'étais probablement juste une petite coche au-dessus du look sandales-et-bas-de-laine-remontés-jusqu'aux-genoux.
Mais bon, laissons de côté ces palpitantes considérations de mode et venons-en au vif du sujet: ma course. Après le retrait du sac de poubelle, un petit réchauffement avec quelques accélérations, et un petit bad trip lorsque j'ai vu qu'il n'y avait pas de tapis d'installé au départ, je suis allé me placer à une dizaine de mètres de la ligne de départ dans le peloton qui était en train de se former. On nous a alors fait savoir qu'il allait y avoir un tapis au départ, mais qu'il ne prendrait qu'une voie de circulation de large, et qu'il nous fallait donc «amincir» le peloton en reculant. Ce gossage a dû prendre une dizaine de minutes, si bien que le départ a été donné seulement à 9h58 selon ma montre, presque 15 minutes après l'heure prévue.
J'aime beaucoup le circuit Endurance, qui offre des courses belles, bonnes, pas chères, et généralement très bien organisées. Mais je dois dire que la gestion du départ s'est faite tout croche. Je ne sais pas si le 5 km a été lancé plus tard que prévu, ou si les derniers coureurs de cette course ont été plus lents qu'anticipé, mais toujours est-il que l'organisation de la course n'était pas prête pour le départ du 10 km, et que ce flou artistique a lui-même créé de la confusion et des retards supplémentaires. Je n'avais jamais vu de peloton si dense avant un départ. Ce n'était pas un endroit pour les agoraphobes... Pour ce qui est de la distribution des dossards et de la gestion de l'après-course, tout était quasi parfait, comme c'est à peu près toujours le cas pour le circuit Endurance.
Heureusement, une fois la ligne de départ franchie, il y avait un effet d'entonnoir inverse: à partir de ce point, les coureurs pouvaient occuper toute la largeur de la chaussée. Je me suis alors rangé complètement à droite, ce qui m'a permis de dépasser sans être retardé.
Curieusement, pour la première fois, j'étais nerveux même après que nous ayons commencé à courir. Selon ma Garmin, ma fréquence cardiaque se tenait même aux alentours de 170-175 bpm en ce début de course. Mauvais contacts électriques en ce début de course? Nervosité? Aucune idée!
Je me suis remis sur le piton après quelques centaines de mètres, et j'ai rentré le premier km presque exactement dans le temps prévu (4:23 au lieu de 4:24). Par la suite, comme l'an dernier, j'ai terminé le 2e km plus vite que mon temps visé. Je m'attendais ensuite à en perdre un peu par rapport à mon objectif, mais ça ne s'est pas produit, malgré une petite baisse d'énergie aux 3e et 4e km.
En fait, contrairement à l'année dernière, pas un seul de mes partiels n'a été plus lent que mon objectif, même ceux comportant des faux plats ascendants. Au 2e tour, une bourrasque particulièrement intense m'a momentanément presque arrêté alors que j'étais sur la rue Rachel, près de l'avenue du parc Lafontaine (6e km). Malgré cela, mon partiel pour les km 5 et 6 (j'ai manqué le panneau du 5e) est de 8:36. À part cette rafale de la mort et quelques autres solides au 3e tour, le vent a été moins fort que ce qu'on aurait pu craindre.
Pour le reste, ma course a été relativement sans histoire. Je me suis dit à certains moments que j'allais peut-être trop vite et que j'allais finir par casser, mais la cassure n'est jamais venue. Je me suis encouragé à y aller à fond dans les descentes, question de mettre du temps en banque. Et même si je n'ai pas accéléré à mesure que la course avançait, j'ai remonté le peloton tout le long. J'arrivais derrière quelqu'un, je me disais quelque chose du genre «il est assez large, il faidrait que je reste un peu derrière lui pour me protéger du vent», mais invariablement, je trouvais qu'il n'allait pas assez vite et je le dépassais assez rapidement.
Après 8 km, j'ai su que mon objectif de faire sous les 44 minutes était dans le sac, à moins d'un effondrement spectaculaire. Mais je ne me sentais aucunement sur le point de m'effondrer. Je souffrais, c'était difficile, mais je me sentais en pleine possession de mes moyens. En fait, il y a une seule autre fois où je m'étais senti comme ça pendant une course. C'était au 10 km du Marathon de Montréal de 2007, où j'avais établi ce qui était à l'époque mon record et qui a tenu 3 ans.
Au 9e km, je suis entré en «lutte» avec une coureuse et un coureur. Même si j'étais avant tout concentré sur ma propre course, ce genre de petite lutte met généralement un peu de piquant, en plus de nous aider à aller plus vite. Le gars et moi avons distancé la fille au début du 10e km, et le gars a fini par me dépasser pour de bon dans les derniers mètres de la course, alors que nous sprintions vers la ligne d'arrivée. De mon côté, je m'efforçais avant tout de passer la ligne non pas sous les 44 minutes, mais sous les 43 minutes! Malheureusement, je m'étais aperçu trop tard que j'avais vraiment une chance de faire sous les 43 minutes, et j'ai terminé en 43:01. Un petit effort de plus, et ça y était...
Ma course, km par km (ou presque).
Je suis donc très content de ma course d'aujourd'hui, même si j'éprouve une petite pointe de déception de ne pas avoir fait sous les 43 minutes, considérant que je suis passé si près. Mais surtout, je suis éberlué par ma course d'aujourd'hui. Ma préparation a été cahotique, je manquais d'énergie depuis quelques jours, mais j'ai réussi à maintenir un rythme que je n'avais pas pratiqué, et ce sur 10 km! Oui, je sens que mes jambes sont plus fortes depuis quelques semaines, et mes mollets ont pris du volume ces derniers temps, conséquence des nombreuses côtes que je me suis tapé à la course et à la marche, mais de là à ce qu'il y ait une différence de 1:36 par rapport à mon précédent record de l'an dernier, il y a une marge. D'autant plus que mon kilométrage hebdomadaire est inconstant depuis quelques mois. Je ne peux que conclure que je me suis adonné à être dans une bonne journée, et que la température de 11˚C, presque optimale pour moi, m'a grandement aidé.
Et si le rhume ne me rattrape pas cette semaine, je serai sur la ligne de départ du 15 km du T3SB, le Tour des 3 sommets Brébeuf, dimanche prochain. Pour cette course-là toutefois, je n'aurai pas d'objectif de temps...
Une minute de moins que l'objectif, tu te sous estime Pepére. Belle performance dans ce climat idéal pour la course. Bravo.
RépondreEffacerSalut Pepére! Eh bien, t'es définitivement une brute! Et t'as pulvérisé ton record en plus! Quelle mouche t'as piqué cet automne? Est-ce le fruit de tous tes entraînements qui paient enfin? Une chose est sûre, c'est décevant que tu n'aies pas fait en bas de 43 minutes! ;-)
RépondreEffacerEt moi qui pensais que tu étais capable de faire plusieurs choses en même temps, soit courir, grimacer et estimer ton temps final après chaque km! ;-)
Pour ma part, j'ai patiemment accompagné ma soeur et l'ai aidé à battre son record en passant sous les 27 minutes. Elle était ben fière d'elle et moi bien content de sa performance. Par contre, mon ischio-jambier droit proteste toujours quand je me réchauffe. Je me suis peut-être fait une légère élongation. Je me croise les doigts pour qu'un autre 2 semaines de repos guérisse le tout.
Luc: Merci! Le calculateur McMillan me sous-estime aussi, faut croire. Il me prédisait un 43:54 au 10k à partir de mon 21:08 au 5k de LaSalle en mars dernier. Et moi qui n'étais même pas sûr de pouvoir revenir rapidement à mon niveau du début d'année, après avoir passé environ 5 mois sans faire d'intervalles sur piste...
RépondreEffacerMathieu: Je suis une brute aux bas et espadrilles blancs! ;-) Je ne sais pas quelle mouche m'a piqué, mais je commence à avoir ma petite idée là-dessus. D'après moi, m'entraîner avec des chaussures comme les Free 3.0 et les Minimus Trail, et courser avec les Kinvara, est une combinaison gagnante. J'y reviendrai peut-être dans un futur billet.
Dommage pour ton ischio. Mais tu peux courir quand même, alors c'est bon signe. Le tout devrait rentrer dans l'ordre avec un peu de repos actif dans les prochains jours ou semaines. Ben content pour ta soeur, on voit que la Force est puissante dans votre famille!