Tel que mentionné dans mon bilan de la semaine dernière, j'ai flirté avec le coup de chaleur lors de ma longue sortie de samedi passé. La température affichée par le service météo d'Environnement Canada n'était pourtant pas si élevée que ça: 25˚C à 27˚C, avec un indice humidex de 30 à 33. Mais il faut noter qu'avec le soleil qui plombait, la température réelle dans les rues asphaltées dépassait sûrement de plusieurs degrés la température ambiante mesurée à l'aéroport de Dorval (je refuse d'utiliser le nom officiel de cet aéroport...). Vive les îlots de chaleur urbains!
Toujours est-il que ma sortie s'est déroulée en gros de la façon suivante:
Début vers 9h45, avec la chaleur qui frappe dès le départ. Un peu moins pire pendant la descente vers le canal Lachine. Inconfort qui va en augmentant le long du canal, mais qui reste cependant tolérable. Les zones d'ombre aident. À l'approche de la presqu'île du parc René-Lévesque, je suis un peu désespéré: je croise plusieurs coureurs de Team in Training, qui ne semblent pas tirer de la patte, tandis que de mon côté c'est de plus en plus difficile, même si je suis censé courir à un rythme lent, donc facile. Ma fréquence cardiaque se maintient autour de 155/min, alors qu'elle devrait normalement être à 135-140/min. En me dirigeant vers la pointe de la presqu'île, je suis exposé au soleil de façon quasi continue. Mes arrêts pour boire et pour me reposer, commencés le long du canal, se font plus fréquents. Arrêté à l'ombre d'un arbre à quelques centaines de mètres de la pointe de la presqu'île, je décide d'attendre que ma fréquence baisse sous les 130/min pour repartir. Ça prend environ 45 s. Je repars et je peux sentir que ça a fait du bien. Après avoir atteint la pointe, j'entreprends le chemin du retour. Petit vent de face qui fait du bien. Tout se passe bien jusqu'au canal. Par la suite: arrêts de plus en plus fréquents, et de plus en plus longs (j'attends toujours que ma fréquence baisse sous les 130/min avant de repartir). À 6-7 km de chez moi, je commence à geler et à avoir chaud en alternance. Mauvais signe. Même si ça serait préférable que j'arrête, je sais qu'en courant lentement et en prenant autant de pauses que nécessaire, j'arriverai chez moi plus vite que si je marche. À 4 km de chez moi, je manque tout juste un autobus qui aurait pu me ramener à la maison. À environ 2,5 km de chez moi, je m'assois une première fois à l'ombre en attendant une lumière verte. Quelques centaines de mètres plus loin, après une montée, c'est trop et je décide d'abandonner. Je reste une bonne dizaine de minutes assis à l'ombre d'un arbre, les pieds sur le trottoir et les fesses sur un terrain privé. Il ne me reste plus de Gatorade. Je décide ensuite qu'il me reste assez de force pour repartir à la course, mais environ 1,3 km plus loin, à moins d'un km de chez moi, je recommence à me sentir sentir mal, et après une autre pause à l'ombre, je fais le reste à pied. Et dire que pour la première fois de ma vie, dans le but de maximiser le refroidissement généré par l'évaporation de sueur, j'avais couru en camisole, traumatisant ainsi et/ou faisant rire les pauvre gens qui me croisaient avec mon «bronzage de camionneur» (terme utilisé par mes anciens collègues français; en bon québécois, on pourrait parler de «bronzage de colon»)...
Tout ceci s'est produit pendant une sortie certes longue, mais qui était censée être facile. Rien de très encourageant en prévision du demi-marathon de Québec, dont la majeure partie du parcours est potentiellement exposée au soleil. Courir l'hiver pendant une tempête de neige? J'aime ça! Courir dans la chaleur et l'humidité, sous un soleil qui tape? Visiblement, mon corps n'est pas fait pour ça. Et en plus, pour moi qui aime tant courir et qui sait toujours retirer un certain plaisir de mes sorties -que ce soit le défoulement d'une séance d'intervalles ou la zénitude d'une sortie plus lente sur la montagne-, courir dans la chaleur et l'humidité ne m'apporte absolument aucun agrément. Zéro. Nada. J'annonce donc, dans la quasi-confidentialité de ce blogue, que dans le cas où on prévoirait la canicule pour le demi de Québec, il y a de fortes chances que je ne me présenterais même pas à la ligne de départ. Ce n'est pas comme si je pouvais dire: «OK, je vais prendre la course comme une longue sortie lente.» Même courir au rythme lent, en arrêtant régulièrement, me fait flirter avec le coup de chaleur! Ce n'est pas non plus comme si la course à pied était ma carrière. Je cours pour moi-même, et ça ne sert à rien de m'obstiner quand le plaisir est totalement absent ou, pire, que ma santé est en jeu.
Dans le même ordre d'idées, je suis tombé plus tôt cette semaine sur un récit très vivant de Flo, une coureuse de la région de Philadelphie (je crois) qui a été victime d'un vilain coup de chaleur vers la fin d'une course de 5 km. À tel point qu'elle a eu un black-out total et qu'elle a dû passer une nuit à l'hôpital.
Cette lecture m'a mené vers un article du New York Times sur les effets potentiels à long terme des coups de chaleur. Ce qui m'a le plus frappé, c'est que contrairement à ce qu'on croyait jusqu'à maintenant, les dommages à certains organes qui peuvent résulter d'un coup de chaleur ne seraient pas causés par l'augmentation de la température corporelle, mais plutôt par une inflammation résultant de fuites intestinales: l'intestin devient moins perméable lorsque son irrigation sanguine fait défaut, et relâche tout plein de substances toxiques. Yé! Les chercheurs parlent de dommages aux reins et au foie pouvant potentiellement durer des mois, voire des années. Et comme si ce n'était pas assez, certains lobes du cerveau peuvent aussi être endommagés par un coup de chaleur. Rien pour m'encourager à m'obstiner inutilement contre la chaleur...
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