dimanche 19 février 2012

Demi-marathon hypothermique de Montréal 2012

Comme prévu, j'ai couru hier matin le Demi-marathon hypothermique de Montréal, sur les îles Ste-Hélène et Notre-Dame. Il s'agissait de ma troisième participation à cette course, et de la troisième de suite qui plus est. Voici mon compte-rendu. Il est tellement long, verbeux et narcissique que c'en est un peu gênant de le mettre en ligne, mais bon, il s'agit d'un blogue personnel après tout...

Objectif
Avant cette course, mon record personnel au demi-marathon était de 1:43:33, temps réalisé au demi du Marathon de Montréal en septembre dernier par un humidex de 26. C'est nettement plus lent que le 1:35:43 que prédit le calculateur McMillan à partir de mon temps réalisé au 10 km de la Classique du parc Lafontaine en octobre dernier. À moins d'avoir des conditions météo atroces, il était donc à peu près certain que j'allais battre mon record. Restait à savoir de combien...

J'étais tout à fait conscient que mon entrainement pour le demi hypothermique était loin d'être optimal. Trois sorties de 20 km ou plus dans les 4 dernières semaines, ça paraît bien vite comme ça, mais en retournant plus loin en arrière, je note que j'en avais fait seulement 4 en tout depuis mon demi précédent, le 25 septembre dernier. Ça fait pas des enfants... endurants. D'autant plus que, comme dirait probablement Jean Perron, l'endurance a toujours été mon talon d'aiguille.

De plus, en voyant à quel point j'en avais arraché lors de mes deux longues sorties sur le plat avec intervalles au rythme visé (4:33/km) effectuées ces dernières semaines, je me rendais bien compte que le temps prédit par McMillan était probablement hors de ma portée pour l'instant. J'ai donc décidé que j'allais être content si je réussissais à passer sous les 1h40, ou plutôt que j'allais être déçu si je ne réussissais pas à faire sous les 1h40...

Choix des chaussures de course
Pour m'aider dans ma périlleuse mission, j'avais le choix entre les candidates suivantes:

-Mes vieilles Free 3.0 V2. Trop maganées. J'aurais eu peur qu'elles me lâchent en pleine course.
-Minimus Road: Trop glissantes sur la neige et la glace, et trop lourdes s'il avait fallu qu'elles s'imbibent d'eau.
-Minimus Trail: Trop dures pour mes mollets et tendons d'Achille. Ça fait plusieurs mois que je les utilise, mais elles me laissent encore avec des courbatures. Pour cette raison, je songe à rebaptiser mon blogue Mollets moumounes. Ça ferait un bon titre, non?

Ne restait donc que ma toute nouvelle paire de Free 3.0 V2, avec laquelle je n'avais même pas encore couru et qui me travaillait le gros orteil gauche! Je les ai donc portées pour marcher jeudi et vendredi, dans l'espoir d'écraser un peu les semelles intérieures et d'offrir un peu d'espace à mon gros orteil. Je me souviens d'ailleurs que mes gros orteils étaient aussi à l'étroit dans les premiers temps de ma vieille paire, et que la situation (ou plutôt la semelle) s'était résorbée par la suite.

Avant-course
Le lever du corps s'est fait à 5 heures, question d'avoir le temps d'enfourner 5 toasts au beurre de pinottes avant 5h30. Après quelques essais et erreurs, j'ai fini par trouver ce qu'il me faut le matin d'une course: un gros déjeuner terminé environ 3 heures avant la course.

Arrivé au parc Jean-Drapeau environ 1h15 avant le départ prévu à 8h30, j'ai disposé d'amplement de temps pour accomplir ce qui est devenu un rituel pour moi au demi hypothermique: l'exploration du parcours. J'ai d'abord noté, outre la présence d'une moufette derrière le pavillon, tout près de la petite boucle que nous allions devoir emprunter à la fin de chacun des 3 tours que comptait la course, que la descente vers le pont du Cosmos juste après le départ allait être assez rock'n'roll: la neige et les plaques de glace étaient au rendez-vous, ce qui rendait la surface plutôt glissante. Même chose pour la petite boucle qui fait le tour du pavillon.

Quant au circuit Gilles-Villeneuve, c'était de l'asphalte partout dans la partie que j'ai explorée, avec des plaques de glace noire ici et là, sur lesquelles les Yaktrax Pro n'ont aucune prise. Conclusion: même si les conditions étaient loin d'être optimales, j'avais confiance que les Free 3.0 allaient me donner une adhérence somme toute potable dans toutes les parties du parcours.

Contrairement à l'année derrière, je n'ai pas pris place dans le peloton à la dernière minute. Une crampe au cerveau a cependant fait en sorte que je me suis placé à une centaine de mètres de l'arche Running Room en pensant qu'elle indiquait la ligne de départ, alors qu'elle indique plutôt le fil d'arrivée. À ma 3e participation à cette course, j'aurais dû connaître l'emplacement des tapis de départ! Conséquence de mon erreur: j'étais plus loin de la ligne de départ que j'aurais voulu, probablement au début de la deuxième moitié du peloton, et il allait falloir que je remonte une marée de coureurs plus lents (dont plusieurs, pour une raison inconnue, se placent à l'avant) encore cette année.

La course
La course a été lancée sous un beau soleil qui avait fait son apparition quelques minutes plus tôt. Avant même d'avoir franchi les tapis de départ, j'ai eu assez d'espace devant moi pour me mettre à courir, ce qui est plutôt rare. J'ai toutefois rapidement rejoint des poches de coureurs que la crainte de tomber dans la descente glacée faisait avancer très lentement et même, dans certains cas, marcher, ce qui m'a poussé à faire un petit détour hors piste assorti de quelques acrobaties destinées à m'éviter une spectaculaire et humiliante chute. C'est passé bien près!

Une fois arrivé sur le circuit Gilles-Villeneuve, j'ai été en mesure de prendre un rythme qui se situait aux alentours de 4:30/km. Je dirais que mon niveau d'effort était alors «confortablement difficile», et je me suis mis à croire en mes chances de maintenir le rythme prédit par le calculateur pour la totalité de la course. La partie sud du circuit nous réservait toutefois quelques mauvaises surprises, notamment une portion de plusieurs centaines de mètres recouverte de glace. Comme de nombreuses personnes autour de moi, j'ai alors commencé à courir en bordure de piste, sur une portion enneigée qui présentait une adhérence tout à fait potable. Après 2 ou 3 minutes, je me suis toutefois rendu compte que maintenir ce rythme sur la neige était très taxant pour les muscles des jambes, et mon rythme difficile a commencé à être moins confortable... Le reste de la partie sud, en plus de nous offrir un vent de face, comprenait quelques autres portions glacées qui compliquaient la vie des coureurs. Heureusement que nous avions un répit de glace (mais pas de vent) pendant notre passage dans la ligne des puits de ravitaillement, une nouveauté du parcours cette année. D'un autre côté, la neige et la glace apportaient une variété qui faisait du bien: courir à un rythme difficile sur une loooooongue ligne droite sans côtes, ça peut devenir difficile mentalement en titi. Et entre une chaussée modérément glacée et la chaleur et l'humidité qui sévissent à Montréal en été, je choisirai toujours la glace...

Dans la partie suivante, celle qui nous ramenait vers le pont du Cosmos, il y avait quelques sections enneigées, mais l'adhérence restait très bonne. Et en plus, ça descendait.

Comme j'ai commencé à en arracher vers le 4-5e km, j'ai essayé de ne pas trop porter mon attention sur le nombre de kilomètres faits et à faire, et de plutôt me concentrer sur les 3 tours de 7 km qui composaient le parcours. Curieusement, la course me paraissait moins difficile vue de cette façon...

La boucle finale du premier tour a sapé quelque peu mes énergies, et c'est avec bonheur que j'ai vu arriver la descente du début du deuxième tour. Les encouragements des spectateurs m'ont également donné un petit regain d'énergie.

De retour sur le circuit Gilles-Villeneuve, j'ai toutefois vécu ce qui a probablement été le moment le plus difficile de ma course. Je perdais graduellement le contact avec ceux qui étaient devant moi, et j'entendais des pas se rapprocher derrière moi. Un gars et une fille m'ont dépassé coup sur coup. Je me suis alors dit que c'était le moment de donner un coup de barre si je ne voulais pas rater mon objectif, car il me semblait que je ralentissais. De peine et de misère, je me suis accroché derrière la fille. J'ai fini par la dépasser dans la partie sud du circuit, et j'ai rejoint des coureurs devant moi. Plus tard dans ce même tour, je me suis accroché de la même façon pendant 2 ou 3 minutes derrière un gars qui m'avait dépassé et qui était très rapide. Il a fini par me distancier et je ne l'ai plus revu de la course, mais encore là le fait d'accélérer pour suivre quelqu'un m'a réveillé et m'a permis de rejoindre des coureurs devant moi, dont le gars qui m'avait dépassé au début du tour.

Même si j'ai fini le 2e tour avec le cerveau légèrement en compote à cause de la fatigue, j'ai réalisé que j'étais plus rapide que les coureurs qui m'entouraient sur la neige et la glace de la boucle qui faisait le tour du pavillon. Ça doit être mon expérience dans ces conditions...

J'ai été bien content de voir arriver le 3e tour, mais quand je me suis mis à penser à ce qui m'attendait, j'ai senti une pointe de désespoir. Pour garder le moral, je me suis alors mis à penser en terme de ce que j'avais fait dans ce dernier tour, dans le genre «il me reste un tour moins la descente et le pont du Cosmos» ou «il me reste un tour moins le pont du Cosmos et le circuit Gilles-Villeneuve jusqu'après la ligne des puits».

Pendant ce dernier tour, je me suis fait dépasser pour de bon par quelques coureurs avec lesquels j'étais en «lutte» depuis le tour précédent (nous nous étions dépassés les uns les autres à quelques reprises). À 2 ou 3 km de la fin, j'ai essayé de pousser pour rejoindre deux d'entre eux qui étaient à une centaine de mètres devant moi, mais j'ai réalisé que j'étais incapable de passer à la vitesse supérieure sans risquer d'avoir à marcher avant la fin. Ce que j'ai perçu comme un manque de combativité m'a déçu, d'autant plus que ma fréquence cardiaque ne semblait pas vouloir dépasser les 160 bpm, ce qui montrait bien que j'étais loin de mon niveau d'effort maximal. Je crois que le manque de sommeil de la dernière semaine (et ma nuit de moins de 4 heures de sommeil avant la course) n'a pas aidé.

Au moins, je savais qu'un temps sous les 1h40 m'était à toutes fins pratiques acquis: j'avais configuré ma Garmin pour afficher mon rythme moyen à partir du début de la course, et à 4:38/km j'étais confortablement sous le seuil de 4:44/km.

J'ai encore dépassé quelques coureurs dans la partie enneigée de la boucle finale, avant de faire une parodie de sprint à l'approche du fil d'arrivée, que j'ai franchi en étant complètement crevé.

Temps à ma montre: 1:38:33. Temps Sportstats: 1:38:30. Temps au tour: 32:47, 33:04, 32:41. J'ai donc moins ralenti que j'avais cru.

Voici le tableau de mes partiels obtenu en exportant les données de mon compte Garmin Connect dans le tableur d'Open Office (une procédure de 2-3 minutes!):


Même si je suis à près de 3 minutes du temps prédit par le calculateur McMillan, je peux être content de ma course. J'ai amélioré mon record personnel de 5:03, et mon temps de l'an dernier de 5:18. Mais surtout, même si je n'ai pas été capable de pousser autant que j'aurais aimé en fin de course, je crois avoir réussi à extraire de ma carcasse pepérienne tout ce qu'il y avait à extraire hier matin. J'étais d'ailleurs KO après avoir passé le fil d'arrivée. Dans des cas comme ça, on sait qu'on a tout donné et qu'on aurait difficilement pu faire mieux. En plus, les méchants qui m'ont dépassé pour de bon au dernier tour semblent à peu près tous avoir des chip times plus lents que le mien!

Comme je m'y attendais, mon gros orteil gauche a souffert un peu pendant la course. Il a commencé à se faire plus insistant à environ 5 km de la fin mais, à mon heureuse surprise, je n'ai pas d'ampoule. Mais ce que j'aime moins, c'est que je ressens depuis hier une douleur à l'extérieur du genou droit, une douleur que j'ai également ressentie à 2 ou 3 kilomètres de l'arrivée. Pourvu que ça ne soit pas ma foutue bandelette. J'avais la paix depuis maintenant 2 ans! Je croise les doigts (et j'applique des compresses froides) pour que tout rentre dans l'ordre rapidement.

10 commentaires:

  1. C'est bien d'arriver 1h15 avant la course. J'ai trop niaisé ce matin moi. C'est une belle course le demi sur ce circuit. Je l'ai fait en 2008 et bien aimé. Tu as bien géré la douleur à la fin. Espérons qu'elle va partir. Belle course et félicitations pour ce beau chrono.

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    1. Merci. J'avais tout préparé la veille de la course dans le but de ne pas avoir besoin de penser en me levant à 5 heures le matin: vêtements que j'allais porter pour la course, vêtements un peu plus chauds au cas où et pour après la course, gel et Gatorade, etc.

      La douleur a déjà presque complètement disparu ce soir, mais je serai vigilant pendant ma sortie de demain.

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  2. Ton récit est passionnant (pas verbeux comme tu l'entend), il se lit comme du bonbon (il m'a paru si court), et il n'est tellement pas narcissique (come on, un pace de 4:39 sur un demi!!!). Ta course est un très bel accomplissement; et pour un gars qui manquait d'entraînement et de sommeil, je te lève mon chapeau!! Gros gros bravo!!
    C'est drôle car tes stratégie mentales durant la course ressemblent tellement aux miennes!!
    Je te souhaite maintenant que ta douleur ne soit que passagère!

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    1. Merci Claire! Mon genou droit se tient pas mal tranquille ces jours-ci. Il faut dire que je l'aide en courant en Minimus Trail plutôt qu'en Free 3.0.

      Pour ce qui est de l'appréciation que je fais de mon propre récit, disons que j'ai beaucoup aimé l'écrire, et que écrire m'évite de trop emmerder mon entourage avec mes histoires de course. En plus, ça me fait un beau souvenir de ma course. Mais de là à mettre ça sur les interwebs... Je dévore les longs récits de gars comme Nick Clark ou Anton Krupicka, mais il y est question de parcours d'une beauté à couper le souffle, de distances sans bon sens et de coureurs d'élite, pas d'un demi au parc Jean-Drapeau. Normalement, les M-MMe-Tout-le-monde sont plus concis que moi. Mais bon, je suis bien content que tu aies apprécié!

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    2. Ben voyons, Pepére! Ton récit est tout autant captivant que ceux des élites, car, comme eux, tu repousses tes limites et tu donnes le meilleur de toi-même. En tout cas, moi, j'aime lire les comptes rendus de M. et Mme Tout-le-monde autant que ceux des élites. Ils sont tous passionnants à leur manière!

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    3. Ben d'accord que les récits de M. et MMe Tout-le-monde sont souvent passionnants. C'est juste que je trouvais mon compte-rendu trop long, le préambule en particulier, et que ça me mettait un peu mal à l'aise de mettre ça en ligne. Ce manque de concision devait sans doute heurter le scientifique en moi...

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  3. Salut Pepére! Félicitations pour ta course gérée d'une main de maître et ton nouveau record personnel! Retrancher 5 minutes en moins de 6 mois, c'est vraiment impressionnant! Je pense que je vais faire comme toi et manger plus de toasts au beurre de pinotte avant mes prochaines courses! ;-)

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    1. Salut Mathieu, et merci! Dans l'absolu, mon amélioration est moindre que le 5 minutes de différence (les conditions météo de samedi étaient nettement meilleures que celles du 25 septembre dernier), mais amélioration il y a eu.

      Concernant le beurre de pinottes, je suis certain que c'est le mets pré-course favori des coureurs d'élite. Ils ne le disent juste pas, question de garder leur avantage. ;-)

      P.S. Tu as fait la Course pour la résolution du 30 décembre. Ça doit vouloir dire que ton ischio va mieux. Ben content pour toi!

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    2. Pepére, tu sous-estimes ta forme et tu sur-estimes la météo! Ce n'est pas parce qu'il faisait froid que tu as battu ton record, c'est parce que tu es en meilleure forme physique qu'il y a 6 mois! Crois-en mon expérience: quand on est en forme, rien ne nous arrête! Mes temps plus lents sur Sportstats sont presque tous dus à un manque d'entraînement.

      Pour le beurre de pinotte, c'est également mon déjeuner par excellence le matin d'une course. J'alterne les trois recettes suivantes: beurre de pinotte et mélasse, beurre de pinotte et miel, et beurre de pinotte et Nutella. Puis un grand verre de lait pour bien faire passer le tout!

      Pour ce qui est de mon ischio, malheureusement, il n'est pas encore guéri à 100 %. C'est fou comme une déchirure musculaire peut être longue à guérir... Mais, point positif, j'ai reçu mon congé de ma physio: la guérison achève. Je dois toutefois continuer mes exercices pour bien renforcer mon muscle. D'après moi, en avril, soit 6 mois plus tard, je devrais être complètement guéri. Même blessé, j'ai continué à courir un peu (j'étais à l'île Bizard dimanche), car mon ischio déchiré ne m'a jamais fait vraiment mal. L'important, c'est de mettre de la glace après chaque effort.

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    3. J'ai fait des progrès ces derniers mois, et je m'en rends compte à l'entraînement. Mes jambes en particulier sont plus fortes qu'avant. Mais je me connais, et je sais que je n'aurais jamais réussi un 1h38 avec un humidex de 26.

      Vraiment trop chiante, ta blessure. Au moins, la guérison semble être presque complétée.

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