Note: après un retour sur mon entraînement en vue de la course, voici donc le compte rendu de mon 10 km du parc Lafontaine.
Je me suis réveillé un peu après 6 heures ce matin sans être capable de me rendormir par la suite, tenaillé que j'étais par la nervosité. Hé oui, comme si cette course était un 10 km olympique ou que mon avenir en dépendait! Comme dirait Benoît Brunet: oyoyoye!
J'ai préparé mes choses tranquillement en espérant que mon avant-midi suivrait la même tangente que cette pièce du surdoué musical Steven Wilson que j'avais dans la tête: tranquille et plaintive au début, avec un formidable relâchement d'énergie organique et primitive pendant la 2e partie (dans le cas de mon avant-midi, ça voulait dire pendant la course).
Avant de partir toutefois, je devais résoudre un important dilemme: quoi mettre avec mes shorts? La température allait-elle augmenter suffisamment d'ici au départ de la course pour me permettre de ne pas geler sans mon haut coupe-vent/couche d'isolation? Comme on annonçait du vent et un peu de pluie, j'ai opté pour ledit haut. Cependant, au moment de le prendre, je l'ai trouvé lourd et je me suis dit: «je ne veux pas traîner ce poids tout au long de la course. Ça va me faire dépenser de l'énergie pour rien et me retarder.» Je raconte cette anecdote parce que:
1) Ça montre à quel point c'est rendu grave, mon affaire.
2) Opter pour mon plan B (gilet à manche longue comme couche de base collée au corps + t-shirt technique de la défunte course «Courons pour le Canada» avec pochette à zipper pour mettre quelques objets) a finalement été une très bonne idée: en plus de ne pas avoir gelé du tout pendant la course, j'étais déguisé en fervent fédéraliste, comme pour fêter l'Halloween avant le temps!
Que dire d'autre sur l'avant-course? Les organisateurs ont su s'adapter au tsunami de coureurs qui faisaient la file pour aller chercher leurs enveloppes de course. Ils ont ajouté des bénévoles, ce qui a permis d'augmenter le nombre de files et de réduire l'encombrement. Vraiment, j'aime les courses du Circuit Endurance: belles, bonnes, pas chères, et bien organisées!
Ah oui, également, au milieu d'un peloton de gens très dense, il fait chaud même quand le temps est froid...
Peu après le départ de la course, j'ai décidé de suivre l'exemple de quelques fusées qui dépassaient tout le monde: je me suis rangé complètement à droite pour dépasser les coureurs plus lents que moi, montant parfois sur le terre-plein quand la place manquait. Ça m'a permis d'éviter la congestion de coureurs.
En ce début de course (et pendant les 2-3 premiers km, en fait), mon esprit était principalement occupé à «trouver» le rythme de 4:30/km que je m'étais fixé. J'essayais de me revoir en train de faire des intervalles à la piste du parc Kent. C'est en effet plus difficile de trouver le rythme quand on n'a pas de feedback à tous les 200 m comme sur une piste! Cette histoire de rythme m'a amené à penser à 2 coureurs montréalais que je connais uniquement par les interwebs. Tout d'abord, quand je me suis senti assez essoufflé après 300-400 m, j'ai pensé à Mathieu, qui a déjà mentionné qu'il ajuste son rythme en fonction des signaux que lui envoie sa respiration. J'ai alors ralenti un peu, de façon à ce que ma respiration devienne comparable à celle que j'avais pendant mes séances d'intervalles. Et je m'efforçais aussi de contrôler ma foulée: «des petits pas!»
La 2e personne m'est venue en tête à la fin du 1er km, que j'ai complété en 4:30 pile. Il s'agit de Véronique, qui m'avait demandé (je ne sais pas à quel point elle était sérieuse) si je voulais jouer le rôle de lapin de 45 minutes pour sa course. Ah vraiment, si elle ne s'était pas fait marcher sur un pied par un gars qui était vraisemblablement King Kong Bundy (considérant les dégâts que ça a causé), elle aurait été fière de moi!
J'ai toutefois un peu perdu le rythme au 2e km, que j'ai complété en 4:12. Je me suis alors dit: «relaxe!». C'est clair que j'allais casser si je continuais à ce rythme, mais j'appréciais tout de même d'avoir 18 secondes en banque. Ensuite, il y a eu un petit effritement de mon «avance», puis une belle récupération au 5e km (comme les km 2 et 5 se recoupent presque, j'ai l'impression qu'il y avait un faux plat descendant dans cette partie du parcours), ce qui m'a amené à la mi-course en 22:08. Détails dans le tableau ici-bas, qui vend le soi-disant punch:
Mon début de 2e moitié de course a donc été assez laborieux. À partir du 7e km, j'ai commencé à me dire: «moins que 2 intervalles de 2 km à faire, pense à l'entraînement». La phrase «comme à l'entraînement» m'est d'ailleurs revenue souvent en tête pendant la course, comme pour me rappeler que j'avais vécu plusieurs fois la sensation d'inconfort de courir à cette vitesse. Autre phrase qui est revenue souvent: «à ce point-ci de la course, ton principal ennemi est ta foulée». Je m'efforçais alors de corriger ma foulée en raccourcissant le pas.
Après avoir doublé énormément de coureurs en début de course, j'ai eu l'impression de me faire dépasser pas mal plus souvent que je dépassais. Ce n'était pas grave, j'étais dans ma bulle et je faisais ma course à moi.
Il y a eu une exception vers la fin du 8e km, quand un gars m'a dépassé alors que nous avions un vent de face appréciable. Je me suis accroché aussi longtemps que j'ai pu pour me protéger du vent, mais il était trop rapide. Ça m'a cependant fait accélérer un peu, ce qui a peut-être changé le résultat de ma course, car j'étais vraiment en train d'en perdre.
Quand j'ai vu que j'étais encore dans les temps à la fin du 8e km, j'ai réalisé qu'à moins d'un désastre, j'allais battre mon record de 45:37. L'espace d'un instant, je me suis fait la réflexion que j'en arrachais et que je pouvais maintenant ralentir un peu et savourer le fait que j'allais battre mon record. Je me suis aussitôt rappelé à l'ordre: je VOULAIS faire sous les 45 minutes.
Entre les «accélère un peu» et «des PETITS pas», j'ai manqué le panneau du 9 km, si bien que je ne savais toujours pas si j'avais encore des chances d'atteindre mon objectif avant d'entamer la dernière montée. Le chrono indiquait alors dans les 42 minutes: pouvais-je atteindre l'arrivée en moins de 3 minutes? La montée me tracassait depuis un bon 5 minutes...
J'ai senti que la montée se passait plutôt bien. À une vingtaine de mètres du sommet, j'ai accéléré à fond pour dépasser entre 2 cônes (le chemin, divisé entre ceux qui finissaient et ceux à qui il restait un tour à faire, était assez étroit) une jeune fille qui semblait être rendue au bout de ses réserves. Cette accélération m'a fait prendre conscience qu'il me restait de mon côté plus d'essence dans le réservoir que j'avais cru.
En tournant à gauche pour passer sur le pont et me diriger vers l'arrivée, j'ai vu que ma montre indiquait dans les bas 44 minutes, et j'ai compris que l'affaire était dans le sac. Est-ce que ça m'a fait ralentir? Au contraire! Je me suis mis à courir le plus vite que je pouvais, comme pour célébrer l'atteinte presque inattendue de mon objectif et le fait qu'une barrière psychologique tombait. J'ai finalement atteint l'arrivée en 44:39 sur ma montre.
Je n'en reviens pas encore: avec une amélioration de mes méthodes d'entraînement cet été et seulement 5 semaines d'entraînement en vitesse bien ciblé, j'ai réussi à faire un temps qui me paraissait presque inatteignable! Qu'est-ce que ça serait avec un programme d'entraînement complet? Quelles sont mes limites réelles?
Même si je ne suis qu'un Jos Bleau de milieu de peloton et que c'est censé être seulement de la course à pied, le fait de m'interroger sur ces choses-là fait du bien à cette étape-ci de ma vie.
P.S. Les résultats officiels sont finalement sortis sur Sportstats. J'ai «gagné» 2 secondes par rapport au temps sur ma montre. J'ai donc battu mon ancien record par exactement 1 minute!
P.P.S. Même si je n'en ai pas discuté plus haut, j'aime mes Kinvara autant que la Poune aimait son public!
Salut Pepére!
RépondreEffacerFélicitations pour avoir brisé la barrière des 45 minutes au 10 km! Ton compte rendu a été fort intéressant à lire! Je ne sais pas si tes Kinvara y sont vraiment pour quelque chose (je soupçonne l'effet placebo ici, mais je peux me tromper), mais une chose est sûre: ton entraînement constant et ta détermination t'ont permis de t'améliorer grandement cette année. Si tu continues à t'entraîner comme tu le fais, tu devrais trouver ça de plus en plus facile de courir 10 km en moins de 45 minutes en 2011! Tu peux t'améliorer jusque dans le début de la cinquantaine avant que l'âge ne te rattrape.
Tu as vraiment pensé à moi et à Véronique durant ta course? Ça fait drôle de lire ça! Mais, effectivement, c'est important d'écouter son corps, de contrôler sa respiration et de ne pas trop s'emballer au départ d'une course. Sinon, après l'euphorie d'un départ canon, on risque de ralentir pas à peu près et de déprimer en voyant tout le monde nous dépasser. Je dirais donc que tu as opté pour la bonne stratégie en cherchant à recréer tes intervalles de 10 km que tu avais beaucoup travaillées.
Pour ma part, j'ai fait le 5 km dimanche matin et je ne l'ai pas trouvé facile. Quoique, un 5 km, ce n'est jamais facile! Comme toi, j'ai opté pour le port d'un chandail à manches longues et d'un t-shirt "techniques" (à défaut d'un meilleur terme français). Ça coupe relativement bien le vent et c'est moins lourd et chaud qu'un manteau coupe-vent. Je porte mon manteau seulement quand c'est plus près de zéro. Je confirme qu'il y avait bien un faux-plat descendant et montant sur le parcours.
Mais, contrairement à toi, ça faisait 2 mois que je n'avais pas pratiqué mon rythme de 5 km! Depuis DDO, j'avais mis l'accent sur mes rythmes de demi et de marathon en vue du marathon de Rimouski il y a 2 semaines. D'ailleurs, ce marathon n'a pas été de tout repos avec un vent de face ininterrompu de 20 km/h tout le long du retour, soit du km 21 au km 42! Ouch! Mais bon, pour en revenir au 5 km de dimanche, j'ai quand même réussi un bon chrono seulement 2 semaines après un marathon.
Contrairement à toi, je me répète "lâche pas le rythme", "je suis capable de dépasser le gars devant moi" et "des grands pas". J'aime faire de grandes enjambées, je trouve ça plus naturel et ça me permet davantage d'atterrir correctement (milieu du pied). Quand je fais des petits pas, j'ai plus tendance à atterrir sur les talons, ce qui n'est pas l'idéal.
Maintenant, je mets l'accent sur mon rythme de demi pour le demi d'Oka dans 3 semaines. Y seras-tu?
Salut Mathieu, et merci!
RépondreEffacerLes Kinvara ont sans doute été un élément dans l'amélioration de mon temps, mais le plus gros facteur a été mon entraînement spécifique. Mes premiers intervalles à 4:30/km ont été assez pénibles, et j'ai noté que c'était vraiment de moins en moins difficile de tenir le rythme à mesure que les semaines passaient. C'était encourageant! C'est pour ça que je trouve ton 17:58 sans pratique d'autant plus méritoire. Et félicitations pour ta re-qualification pour Boston!
Hé oui, ton commentaire sur la respiration m'est venu en tête pendant que je courais. C'est un des bénéfices qui viennent avec les échanges avec d'autres coureurs, dans la «vraie» vie ou dans les blogues. Il y a parfois des détails qu'on emmagasine quelque part dans notre cerveau sans vraiment s'en rendre compte, et qui resurgissent au moment opportun. Pour ce qui est de Véronique, ça m'aurait probablement tracassé de faire le lapin. J'aurais alors couru le risque, si je m'étais complètement planté dans mon rythme en début de course, de gâcher la course de 2 personnes... C'est pour cette raison que ça m'a fait sourire de voir le partiel de 4:30 pile sur ma montre au 1er km. C'est clair que la chance a joué là-dedans, d'autant plus qu'il y avait une bonne descente au 1er km!
Pour ce qui est de la foulée, dans mon cas j'ai vraiment tendance à faire de trop grands pas et à atterrir sur les talons, ce qui crée un effet de freinage à chaque pas et une perte d'énergie. Les Kinvara m'aident donc doublement car en plus d'être plus légères, elles me permettent d'atterrir au milieu du pied plus facilement car elles n'ont pas le talon surélevé. Je vois la différence dans mes temps et dans mes fréquences cardiaques. Il y a des textes assez intéressants au sujet de la foulée et des chaussures minimalistes sur Runblogger (dans ma liste de blogues à droite) et dans le blogue Science of running (voir les liens de Runblogger).
Finalement, je ne prévois pas participer au demi d'Oka, principalement parce que:
1) J'ai les mollets en compote depuis dimanche et de toute façon je doute d'avoir l'énergie nécessaire pour me préparer à un demi dans 3 semaines.
2) Je ne me sentirais pas à l'aise à l'idée de courir un demi avec mes Kinvara alors que je ne les ai pas encore portées pour une sortie plus longue que 14 km. Et je ne me vois pas courir un demi avec mes GT, que je suis de moins en moins capable d'endurer...