Au tout début de l'historique de course pepérienne, il y eut les 5 km. Non, en fait les 5 km sont arrivés environ 2 semaines après mes débuts comme coureur, à la toute fin de ma vingtaine.
En stage dans la région métropolitaine, j'avais sous-loué une chambre dans un appartement du centre-ville de Montréal pour l'été. J'allais m'entraîner à la salle de musculation du centre sportif de l'UQAM, qu'un mur avec de grandes vitres séparait à l'époque (je ne sais pas si c'est toujours le cas) de la piste de course intérieure. La vue de cette piste et de ces gens qui l'utilisaient m'avait donné le goût d'essayer, d'autant plus que je me souvenais que l'épreuve du 1,6 km, aux «olympiades» de mon école primaire, était celle que j'aimais le plus faire.
Très vite, je suis devenu un maniaque du chrono. Combien de temps pour faire 20 ou 25 tours? Ai-je été plus rapide que la dernière fois? Est-ce que je m'améliore? Quelle distance ai-je parcourue? Si j'extrapolais mon rythme sur la distance d'un marathon, ça ferait combien de temps? Il n'était pas question de plans d'entraînement, de fréquence cardiaque, de réchauffement, de rythme facile ou d'intervalles. Il y avait seulement un gars qui essayait de courir le plus rapidement qu'il en était capable la distance qu'il s'était fixée au départ, un gars qui essayait de se dépasser, de «battre son temps».
Il y avait cependant quelque chose que je n'aimais pas de la piste de l'UQAM: sa longueur peu orthodoxe, qui faisait en sorte que ça devenait compliqué pour un coureur obsédé par les chiffres de calculer son rythme. Si je me souviens bien, un kilomètre équivalait à 6 tours et demie de piste. Au bout de deux semaines, je me suis donc rabattu vers la piste intérieure de McGill (cet été là, en ma qualité d'étudiant d'une université québécoise, j'avais accès gratuitement aux installations sportives de ces deux universités, maudit gâté que j'étais), qui avait une longueur de 200 m.
Toujours si je me souviens bien, j'en étais rendu à faire 26 tours de la piste de l'UQAM (4 km), et j'avais été capable de maintenir un rythme de 5 minutes/km. Je me souviens cependant très bien de ma première course sur la piste de McGill. Seul sur la piste par un après-midi ensoleillé de fin de semaine (j'étais probablement le seul à être assez idiot pour s'enfermer à l'intérieur par une aussi belle journée), j'avais décidé de faire 25 tours, soit 5 km. Et je me souviens de mon temps en cette occasion: 25:17. Plus de 5 minutes au km, mais je n'avais pas «perdu» 1 s/tour par rapport au 5:00/km. J'étais satisfait. Cet été-là, je suis retourné plusieurs fois sur cette piste. (Presque à tous les 2 jours, en fait!) Et il me semble que j'avais réussi à passer sous les 25 minutes à partir de la 2e fois.
Ensuite, de retour à Sherbrooke pour mes dernières sessions d'étude, j'ai continué à courir, toujours 5 km, 3 ou 4 fois par semaine, principalement sur les pistes intérieure (200 m) et extérieure (400 m) du campus, avec 400 m de réchauffement courus lentement et de mauvaise grâce. Et, à chaque fois, le temps était important: allais-je battre mon record?
Ce record, je l'ai bien entendu battu à de multiples occasions au cours des années suivantes, à mesure que mon corps s'habituait à courir. Une lente progression, que je me suis mis à suivre de plus près au retour du congé des Fêtes au début de l'année suivante en commençant à écrire mes temps sur une feuille de papier. Quelques mois plus tard, je suis passé au niveau supérieur dans ma manie des chiffres: j'ai commencé à utiliser un cahier, dans lequel j'inscrivais mes partiels pour chacun des kilomètres. Ces partiels, je les mémorisais en courant (j'utilisais une montre avec chrono tout ce qu'il y a de plus conventionnelle, sans me servir de la fonction split).
Mon cerveau contenait l'espace mémoire nécessaire pour entreposer les partiels de mes 3 sorties précédentes (il m'arrivait d'ailleurs d'être négligent et d'attendre 2 ou 3 sorties avant de tout noter dans mon cahier). Ainsi, à la fin de chaque kilomètre, je comparais souvent avec mes temps de la sortie précédente, dans le genre: «+3 s au 1er km, -4 s au 2e, -2 s au 3e, ça fait -3 s après 3 km», tout ça en courant. Assez maniaque, non?
Mon meilleur temps a donc lentement baissé pour passer sous les 24 minutes, puis sous les 23 minutes, puis sous les 22 minutes, etc. Le meilleur temps que j'ai réalisé a été 20:52, mais je n'ai couru que 3 fois sous les 21 minutes. Mes temps se sont stabilisés dans les 21 minutes, et surtout entre 21:30 et 22:00. Mon objectif était d'ailleurs de faire sous les 22 minutes à chaque sortie, ce que je réussissais à faire lorsque les rhumes, grippes, surcharges de travail, congés des Fêtes et traitements pour une verrue plantaire tenace ne me forçaient pas à l'inactivité. Une semaine sans courir et pouf! je repassais en général au-dessus des 22 minutes.
Pendant toutes ces années, j'ai dû faire seulement une vingtaine de sorties plus longues, le plus souvent en compagnie d'un groupe de gens de mon département, dont certains allaient courir tous les midis de la semaine.
Et c'est en 2005, pendant la fin de semaine de courses du marathon de Montréal, que j'ai participé à mon premier 10 km, sans m'être entraîné pour cette course (lire: sans avoir couru plus de 5 km). Cette course et les 4 km que j'ai courus le lendemain furent suffisants pour causer ma première blessure à la bandelette ilio-tibiale droite...
Il y a 2 ans, je me suis mis dans la tête de courir un demi-marathon, et, qui sait, peut-être un jour un marathon. Je me suis acheté des livres qui traitent de course à pied, et j'ai bêtement appliqué tels quels les principes mis de l'avant par les auteurs, principes qui ne s'appliquaient pas vraiment à quelqu'un qui était habitué de courir 15-20 km par semaine à un rythme rapide. J'ai donc ralenti le pas et augmenté mes distances du mieux que je pouvais. De toute façon, je me serais probablement blessé si j'avais augmenté mon kilométrage sans ralentir le rythme. Courir vite (pour moi) me vient en effet naturellement, mais courir longtemps me cause des problèmes... Sans compter que j'ai peu couru pendant les 3-4 derniers mois de 2008, notamment en raison de problèmes de thyroïde.
Tout ça pour dire que l'an dernier, j'ai dû courir 6 ou 7 fois des 5 km seul sur une piste. Et le meilleur temps que j'ai trouvé dans mes archives, c'est 22:46, réalisé au printemps dernier. J'ai même été incapable de descendre sous les 23 minutes dans la chaleur de l'été. C'était assez loin de mes «vieux» temps...
Pourquoi j'écris ce laïus? Probablement parce que je réalise de plus en plus que les plans d'entraînement universels, qui sont censés pouvoir s'appliquer à tout le monde, c'est de la marde. La réponse d'un athlète ou d'un soi-disant athlète à un plan d'entraînement dépend de facteurs physiologiques qui lui sont propres: bagage génétique, morphologie, entraînement précédent, poids, etc. Bref, l'extrait que j'ai pu lire de ce livre (le prochain dans ma liste de lecture), correspond tout à fait aux conclusions que j'ai pu tirer à partir de mon humble expérience.
L'autre raison qui m'a poussé à écrire ce laïus, c'est que plus tôt aujourd'hui, je suis allé sur une piste courir mon premier 5 km de l'année. Mais ça, c'est une autre histoire, que je raconterai dans mon prochain message...
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