dimanche 16 janvier 2011

BRA-VO, Saucony!

Une prédiction faite par Mathieu dans les commentaires de ce billet semble malheureusement en voie de se confirmer. Voici ce qu'écrivait alors Mathieu (les caractères gras sont de moi):

Je soupçonne donc maintenant Asics de gonfler ses prix au Canada et non plus les commerçants d'ici de nous les vendre à un prix déraisonnable. Je ne serais pas surpris que les autres marques imitent Asics et qu'on ne puisse plus rien commander en ligne prochainement.

Or, voilà-t-y pas que Saucony empêche maintenant les consommateurs outre-frontières de commander ses produits sur des sites étatsuniens comme Eastbay ou Running Warehouse? Si cette décision était accompagnée d'une baisse significative des prix de vente au Canada, on pourrait comprendre. Et je pense que la plupart des gens d'ici seraient bien contents de pouvoir encourager les commerçants locaux.

Mais non, aux dernières nouvelles, une chaussure comme la Kinvara était toujours vendue à 140$ au Canada et à 90$ aux États-Unis, soit une différence de 56% par rapport au prix étatsunien si on suppose un dollar canadien à parité avec son homonyme américain.

Comment Saucony a-t-elle pu en arriver à prendre une telle décision? On imagine la scène d'ici:

Les dirigeants de la compagnie tiennent leur téléconférence hebdomadaire. Lorsque l'on en arrive aux affaires courantes (c'est le cas de le dire), Bob Cobb, Vice President, Proactivity and Synergy, fait état de la situation des consommateurs canadiens:

-Les détaillants américains de vente en ligne rapportent qu'un nombre élevé de coureurs canadiens placent des commandes pour nos produits. Même avec les frais de transport et les taxes et droits de douane, ça leur revient beaucoup moins cher que d'acheter au Canada. Pendant ce temps, les détaillants canadiens font pression sur nous pour que nous mettions un terme à cette situation.

-Quelle solution proposes-tu, l'interroge Jane Payne, Executice Director of Corporate BS.

-Je propose que l'on vende dorénavant nos produits au même prix au Canada qu'aux États-Unis, répond Bob avant d'éclater de rire, aussitôt suivi par le reste de l'assemblée.

Après avoir réussi à reprendre son calme, le Président John Smith prend la parole:

-Sacré Bob, toujours le mot pour rire! En fait, pour régler la situation, nous devons rendre les consommateurs canadiens captifs de leurs détaillants. Nous allons donc interdire aux commerçants en ligne américains d'expédier nos produits en dehors du pays. Asics le fait déjà. New Balance et Nike n'ont pas encore emboîté le pas, mais ça ne saurait tarder. Nous n'avons donc rien à perdre.

-Toi tu l'as l'affaire, John!

C'est ça qui est ça. Le temps où on pouvait contourner les pratiques commerciales douteuses des fabricants de vêtements et de chaussures de course tire à sa fin. Pour éviter de se faire entuber, il faudra dorénavant aller acheter aux États-Unis, ou encore trouver une compagnie qui expédie ses produits de ce côté-ci de la frontière.

Dans un article de journal paru il y a quelques mois que je ne parviens malheureusement pas à retrouver, on suggérait d'écrire aux compagnies pour se plaindre. C'est ce que je vais faire avec Saucony, mais je ne m'attends pas à ce que ça donne grand chose. Et la situation actuelle me fait tellement tiquer que si rien ne change d'ici à ce que j'aie fini d'user mes 3 paires de Kinvara, je me tournerai alors vers des marques qui permettent aux consommateurs des deux côtés de la frontière d'acheter leurs produits à des prix raisonnables.

À ce sujet, chapeau à La Sportiva. La Crosslite, qui est vendue à 90$ aux États-Unis, coûte 99$ chez MEC. Compte tenu de la fluctuation des taux de change, une différence de 10% est assez raisonnable.

Cette décision de Saucony est bien dommage, car la compagnie a une longueur d'avance sur les autres géants de l'industrie dans le domaine des chaussures dites minimalistes, et les Kinvara sont de loin les chaussures de course les plus confortables que j'aie jamais eu...

2 commentaires:

  1. Salut Pepére!

    Eh bien, ça m'a surpris de voir que j'étais cité sur ton blogue, mais ça me fait "suer" de voir que j'avais vu juste! Comme toi, je ne comprends pas la décision des compagnies de bloquer ainsi les ventes par Internet vers le Canada. Et je comprends encore moins l'écart astronomique de prix. Il me semble qu'on nous prend pour des cons, comme ta parodie le démontre si bien.

    C'est quand même incroyable: cette semaine sur Letsrun.com, les Asics GT-2150 sont soldés à 54 $, c'est 3 fois moins cher qu'ici! Et je suis sûr que même à 54 $, les Américains doivent faire un petit profit. Ça m'enrage de voir ça!

    Je vais essayer de me prévoir une course aux États-Unis cette année afin de pouvoir refaire le plein de souliers à un prix normal. Je ne vois pas d'autres solutions. Peut-être le marathon de Portland, dans le Maine, début octobre, car ça fait longtemps que j'ai couru cette course que j'adore.

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  2. Salut Mathieu, désolé pour cette réponse tardive, mais vu mon état de la dernière semaine, j'ai un peu délaissé les blogues, y compris le mien.

    Au moment où tu avais écrit le paragraphe que j'ai cité, je te trouvais pessimiste et je ne croyais pas que les autres marques imiteraient Asics. Malheureusement, comme Cassandre, tu avais raison...

    C'est enrageant en effet de voir à quel point on se fait entuber. De mon côté je n'ai pas de séjour aux États-Unis de prévu, mais j'en ai encore pour plusieurs mois avant de finir d'user mes Kinvara. Bien des choses peuvent se produire d'ici là!

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