mercredi 24 mars 2010

Les coureurs montréalais sont des criminels

La chronique d'Yves Boisvert de mercredi matin, au sujet de cette histoire tout à fait surréaliste d'un père de famille de Dollard-des-Ormeaux qui a reçu une contravention de 75$ pour avoir joué au hockey dans la rue en compagnie d'un groupe d'enfants et de parents du voisinage, est un véritable bijou.

M. Boisvert en profite pour nous donner un échantillon des règlements étranges, byzantins, ou ridicules en vigueur dans certaines municipalités de l'île de Montréal. Des règlements qui, grâce au bon jugement des forces policières, ne sont pas ou plus appliqués et ont sombré dans l'oubli. Un passage de la chronique est particulièrement intéressant pour les coureurs montréalais:

«Avis soit donné aux amateurs de course à pied : «Nul ne peut se livrer à une course sur la chaussée ou le trottoir», sauf autorisation, nous dit un règlement de la Ville de Montréal. Le Code de la sécurité routière précise que, lorsqu'il y a un trottoir, les piétons n'ont pas le droit de circuler sur la chaussée. Théoriquement, on peut donc vous arrêter et vous donner une contravention pour jogging sur la voie publique.»

Qu'entend-on par «nul ne peut se livrer à une course sur la chaussée ou le trottoir»? Veut-on dire que l'on ne peut courir tout court, ou que l'on ne peut courser contre quelqu'un d'autre? Dans le premier cas, tous les coureurs montréalais qui courent dehors en ville sont des hors-la-loi, à moins de se limiter aux parcs. Et à bien y penser, quiconque a un jour couru sur un trottoir pour attraper un autobus ou un taxi a aussi enfreint la loi. Ça commence à faire pas mal de criminels à Montréal... Dans le deuxième cas, est-ce qu'on peut considérer qu'un groupe de coureurs qui s'entraînent ensemble et qui, grâce à l'effet d'entraînement amené par le groupe, courent plus vite que s'ils avaient été seuls, coursent les uns contre les autres? Ou encore si vous courez à deux et que l'orgueil vous pousse à aller plus vite que vous n'iriez normalement, afin de suivre le rythme de la personne avec laquelle vous courez, est-ce qu'on peut conclure que vous coursez?

Mais ces considérations sont secondaires. En effet, quel coureur montréalais n'a pas, un jour ou l'autre, couru sur la chaussée, question d'éviter les nombreuses montées et descentes d'un trottoir avant et après les entrées de maison, ou pour dépasser des marcheurs, contourner des bancs de neige, ou simplement ménager un peu ses articulations?

J'ai une confession à faire: lors de CHACUNE de mes sorties de course sur route, je cours à un moment ou à un autre sur la chaussée. En fait, je cours presque toujours dans la rue (le plus souvent face à la circulation), question de ménager un peu mes articulations. Et je fais même exprès d'emprunter de nombreuses rues à sens unique, dans le sens contraire à la circulation en plus, pour pouvoir courir EN PLEIN MILIEU DE LA RUE, là où la chaussée est la plus droite, dans le but d'éviter autant que possible de créer des déséquilibres dans mon corps (qui en a bien déjà assez comme ça, il faut bien l'avouer).

Bref, comme tous les coureurs, il ne me reste qu'à me livrer à la police. Mais la police de quelle ville? Car voyez-vous, j'ai passé une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence à jouer au hockey dans les rues de mon patelin natal au Saguenay, ce qui contrevenait fort probablement à un règlement quelconque. Ça devient compliqué tout ça. Je pense que je devrais demander à Claude Poirier d'éclairer le «dividu» mêlé que je suis...

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