Me voici de retour sur les interwebs après un petit séjour dans ma région natale pendant lequel j'ai, comme prévu, participé à la 42e édition du 15 km des Pichous, qui s'est tenue hier (samedi). Tel que mentionné dans mon dernier billet, il s'agissait pour moi d'une deuxième participation à cette course, et compte tenu que je suis nettement en meilleure forme cette année qu'il y a 2 ans, j'étais très confiant de pouvoir battre mon temps de 2009 par une bonne marge et j'espérais «effacer» la 58e place sur 70 dans mon groupe d'âge obtenue à l'époque.
Le doute s'est pointé le bout du nez pour la première fois quand j'ai émergé du sommeil vendredi matin, bien au chaud sous les draps d'une chambre d'invités de la maison de ma valeureuse génitrice. C'est en effet à ce moment précis qu'une caractéristique importante des Yaktrax s'est imposée à mon esprit encore à moitié endormi: les Yaktrax ne sont d'aucune utilité quand on les laisse dans un sac de plastique dans le garde-robe de l'entrée de son domicile, à plus de 500 km de l'endroit où se déroule la course. C'est une caractéristique fâcheuse, parce qu'on prévoyait des chutes de neige en continu de vendredi soir à dimanche matin. La neige avait donc amplement le temps de s'accumuler d'ici samedi à midi, moment du début de la course...
Une petite visite à Place du Royaume, centre commercial bien connu des gens du coin, ne m'a pas permis de trouver de Yaktrax à ma pointure (conséquence de la rareté des articles hivernaux en cette fin de saison, j'imagine). Dans ces circonstances hautement périlleuses, je me suis rabattu sur une paire de Snowtrax, dont la partie qui va sous la plante des pieds comprend, tout comme les Yaktrax, des fils métalliques enroulés autour de l'armature de caoutchouc. Sous le talon par contre, ce sont des morceaux de métal. Ceux-ci adhèrent certainement très bien à la glace, mais ils ajoutent du poids à la semelle. Pas idéal pour courir. Je craignais aussi de perdre ces semelles en cours de route si j'avais à m'en servir pour la course (faites pour la marche, elles n'ont pas de sangle qui passe par dessus le milieu du pied).
Mais bon, les rues étaient encore dégagées quand je me suis couché vendredi soir, et je pouvais encore espérer que les prédictions météo étaient dans le champ. En me levant au petit matin cependant, je ne pouvais plus espérer: la neige était en train de tomber et avait commencé à s'accumuler...
Pendant le trajet vers les Galeries Jonquière, où le départ avait lieu, la visibilité n'était pas très bonne, mais les principales artères étaient dégagées. J'allais peut-être pouvoir courir «nu espadrilles», après tout.
Pour (essayer de) faire une histoire courte, je me suis retrouvé prêt à prendre le départ environ 5 minutes avant le début de la course. J'ai alors confié mes Snowtrax à mes supportrices (qui étaient là également pour encourager 2 de mes cousins coureurs, il faut bien l'avouer) en leur disant que j'allais faire quelques essais sur le parcours et que je retournerais les voir si jamais je décidais que j'avais besoin des semelles. Pas question que je prenne le risque d'avoir à courir avec ces semelles dans les mains...
En arrivant sur le boulevard où avait lieu le départ, j'ai constaté que la chaussé était très mal grattée, et que ça irait sans doute beaucoup mieux avec les Snowtrax, pour commencer la course du moins. Je me suis alors lancé à la recherche de mes spectatrices... sans succès. J'allais donc devoir courir sans aide pour la traction, et espérer que les autres rues du parcours seraient mieux grattées. Au moins, en regardant autour de moi, j'ai noté que la plupart des coureurs ne portaient pas de crampons.
Au moment où le peloton d'environ 500 coureurs (un record, si je ne m'abuse; encore une preuve de la popularité croissante de la course à pied) s'est élancé sous la neige qui continuait de tomber, je ne savais donc pas trop à quoi m'attendre.
Heureusement, la chaussée était beaucoup moins pire après environ 100 ou 200 m, même si elle était toujours enneigée et un peu glissante. Comme au début du Demi-marathon hypothermique il y a 2 semaines, je me suis mis à remonter le peloton. À un certain moment, j'ai même couru sur un rare bout de trottoir bien déneigé pour pouvoir aller à mon rythme sans être ralenti par le peloton dense.
On pourrait dire que j'ai été au-dessus de mes affaires pendant les 3-4 premiers km, continuant de dépasser des coureurs et profitant du parcours légèrement descendant pour courir dans les 4:40/km la majeure partie du temps.
L'adhérence variait beaucoup dans le sens de la largeur de la route, et les coureurs avaient tendance à avancer en file indienne le long des lignes où la traction était meilleure. Il y avait généralement 2 lignes, parfois une seule, parfois 3, dépendamment des endroits. J'ai d'ailleurs fait de nombreux zigzags tout au long de la course, question d'évaluer si ce n'était pas moins glissant dans la ligne du voisin ou de carrément essayer de nouvelles lignes lorsque je n'étais plus satisfait de l'adhérence de celle dans laquelle je courais. Sans compter qu'il me fallait aussi parfois changer de ligne pour dépasser.
Bref, les 4 premiers km se sont somme toute bien déroulés. Au 5e, les conditions se sont cependant légèrement détériorées, ou peut-être était-ce simplement le fait que nous avons rencontré nos premières petites montées, et que monter des côtes est toujours pénible quand l'adhérence n'est pas idéale. Toujours est-il que c'était plus difficile. J'ai néanmoins réussi à courir le 5e km sous les 5:00/km.
Nous n'avions toutefois encore rien vu: dès le début du 6e km, il nous fallait affronter LA côte du parcours, qui s'étend sur environ 250 m et dans laquelle la neige s'était curieusement (et malheureusement pour nous) accumulée en plus grande quantité qu'ailleurs. Ça glissait, ça n'avançait pas, c'était fatiguant pour les muscles, et ça demandait beaucoup au cardio.
Mon moral en a pris un coup, d'autant plus qu'une fois rendu au sommet j'étais incapable de revenir sous les 5:00/km à un effort équivalent à celui pré-côte. J'ignorais alors si c'était parce que j'avais cassé ou parce que nous étions sur un faux-plat ascendant (je sais maintenant que c'était un faux plat). Pour couronner le tout, nous avions droit à un vent de face depuis que nous avions tourné vers l'est sur le boulevard Saguenay, au début du 4e km, et ça allait demeurer ainsi jusqu'à la fin de la course. Pas que le vent lui-même, qui n'était pas assez fort pour nous ralentir, fût un problème: c'était plutôt la neige qu'il nous envoyait en plein visage qui devenait incommodante à la longue. J'ai d'ailleurs dû faire tomber la glace de mes sourcils et cils à 2 ou 3 reprises, car je commençais à ne plus voir grand chose... (Yéti, es-tu là?)
J'avais hâte d'arriver à la côte de St-Jean-Eudes pour pouvoir me laisser descendre et bénéficier d'un petit break. Après une ou 2 autres petites montées, j'y étais enfin. C'est dans cette partie descendante du parcours, qui se trouve aux 9e et 10e km, que la chaussée est devenue plus slusheuse, ce qui ne veut malheureusement pas dire que nous étions sur l'asphalte. Et ça demeurait glissant, comme mes 2-3 mini-dérapages me l'ont rappelé. Il fallait demeurer prudent.
Dans mes souvenirs, il n'y avait plus vraiment de côtes une fois la descente terminée, à part un faux plat légèrement ascendant. Il se trouve que mes souvenirs étaient mauvais... Nous étions TOUJOURS en train de monter ou de descendre une côte. Les montées, sans être longues ou très à pic, étaient significatives. Ou à tout le moins elles le paraissaient, avec la gadoue et l'état de fatigue dans lequel je me trouvais.
Côté chrono, les conditions météo faisaient en sorte que mes repères avaient foutu le camp. Mon objectif de 4:43/km était inatteignable. Je n'avais aucune idée si j'étais en train de faire une bonne course ou non. Je savais seulement que je disposais d'une petite marge sous les 5:00/km.
Un petit regard à ma gauche, vers la rivière Saguenay et sa rive nord, juste assez long pour que je me dise que c'était dommage que mon écoeurement m'empêche de savourer la beauté du paysage dans la neige qui tombait, puis je croisais un spectateur qui nous encourageait en tapant des mains et en nous disant: «il reste juste quinze cent mètres». «Comment ça 1500 m?», que je me suis dit. «Yé dins patates!» En regardant ma Garmin, j'ai vu que j'étais rendu à plus 13,5 km. Il restait donc moins de 1,5 km, ou encore 1500 m. Il y avait bel et bien quelqu'un dans les patates, mais ce n'était pas celui que j'avais cru...
J'ai alors aperçu les 2 ponts qui enjambent le Saguenay, tout près de la zone d'arrivée au Vieux Port de Chicoutimi, et réalisé qu'il n'y aurait plus de montées d'ici la fin. Sentant que j'en avais encore dans les jambes, j'ai profité du faux plat descendant pour accélérer. J'ai rattrapé et dépassé 2 ou 3 coureurs. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, ils n'ont pas accéléré pour me redépasser. Après un petit sprint final, c'était terminé. Temps officiel: 1:14:15.
J'étais content d'avoir fait sous les 1h15, mais il me restait à déterminer si j'avais fait une bonne ou une mauvaise course compte tenu des conditions météo. Premier indice d'après-course: l'un de mes cousins avait fait 1h10 l'an dernier dans des conditions plus clémentes; hier, j'ai terminé 8 minutes devant lui. Malheureusement, nous nous sommes manqués avant et après la course. Peut-être était-il moins bien entraîné cette année que l'an dernier. Cette donnée seule ne permet pas de conclure...
Deuxième indice: Terry Gehl a remporté l'édition de cette année en 53:50. Un temps d'extraterrestre. En 2009, la course s'était déroulée sur l'asphalte. Terry Gehl avait alors gagné en 47:56, une différence de près de 6 minutes par rapport à hier. Verdict: les conditions étaient VRAIMENT mauvaises, hier. Que j'aie manqué mon objectif initial de seulement 3 minutes et demie est donc encourageant. Dans ces conditions de merde, j'ai par ailleurs battu mon temps d'il y a 2 ans de plus de 6 minutes et demie. Juste reflet de mon manque de forme de l'époque et du chemin parcouru depuis.
Dernier indice: j'ai fini 31e/105 dans ma catégorie, moi qui suis maintenant un vieux crouton à l'intérieur de mon groupe d'âge (je deviendrai plus tard cette année un jouvenceau de la catégorie suivante; faut bien s'encourager comme on peut).
En somme, le pepére est ben content de sa course, d'autant plus que ses mollets et son infructueux vont bien. Et les douleurs aux ischios ne sont apparues que samedi soir, après qu'il se soit frotté à une quantité saguenéenne de neige dans l'entrée de chez sa mère...
Toutes mes félicitations pour cette belle course enneigée!!!!! Tes efforts valent la peine!!! L'histoire de tes Yaktrax devait être bien stressante, mais bien drôle à lire puisque ça s'est tout de même bien déroulé. Ton début de saison se déroule très bien!!!! Bravo!!
RépondreEffacerMerci Claire! Pour ce qui est de l'histoire des Yaktrax, même si je m'en voulais avant la course de les avoir oubliées, l'ironie de la chose ne m'échappait pas. Le matin de mon départ, je m'étais dit qu'il ne fallait surtout pas que je les oublie, avant d'oublier de les mettre dans mes bagages...
RépondreEffacerBravo pour cette belle performance lors de conditions exécrables. L'année s'annonce bien avec tes courses et tes chronos. Bonne continuité.
RépondreEffacerMerci Luc. Et tu t'y connais en conditions exécrables...
RépondreEffacerWow, félicitations Pepére pour cette performance dans de telles conditions de neige! Quand j'ai regardé les temps de la course dimanche, je les ai trouvés anormalement lents pour les meneurs et je me suis dit que vous ne deviez pas l'avoir eu facile. Ton compte rendu, super bien raconté d'ailleurs, vient me confirmer la chose. Pour avoir couru un peu moi aussi à l'extérieur en fin de semaine, quoique dans moins de neige je crois, je peux confirmer que ça ralentit drôlement le rythme. Réussir à établir de nouveaux records personnels dans de telles conditions est tout à ton honneur! Tu es en feu cet hiver! Lâche pas!
RépondreEffacerQuelle sera ta prochaine course? Feras-tu la course de LaSalle le 27 mars? Moi, je devrais y être. Mais j'hésite encore entre le 5 et le 10 km, mon endurance étant encore so-so.
Salut Mathieu, merci pour les bon mots! Mon record personnel sur 15 km n'était toutefois pas difficile à battre: je n'étais vraiment pas en forme à ma seule autre participation aux Pichous il y a 2 ans.
RépondreEffacerMa prochaine course? C'est censé être le demi-marathon de Montréal le 17 avril. J'avais pensé faire le 10 km de LaSalle, mais c'est trop rapproché du demi à mon goût: soit je compromettrais ma préparation pour le demi en mettant le paquet pour le 10 km, soit je ferais une course bien ordinaire à LaSalle, ce qui ne me tente pas.
Mais ton commentaire me fait penser que je pourrais courir le 5 km. Payer pour participer à un 5 km alors que j'en ai couru un nombre incalculable tout seul sur des pistes est un peu contre-intuitif pour moi, mais ça pourrait valoir la peine: c'est une course assez courte pour ne pas perturber ma préparation pour le demi, et j'aurais peut-être même des chances de battre mon record «officiel» en compétition (mais pas mon record absolu réalisé alors que j'étais seul sur piste).
Je vais y penser!
P.S. Est-ce que tu te mettrais tranquillement à la course en hiver, par hasard?